Les adjectifs ne manquent pas. Épithète, apposé ou simple attribut, on se paie de mots pour qualifier l’école d’après une crise qui n’en finit pas. Que restera-t-il finalement de l’école demain ?
EDITOS ET ANALYSESAprès… l’école d’après ?

L’institution éducative fait face à des maux désormais bien identifiés. L’éternelle baisse du niveau des élèves d’abord, soigneusement cachée par les taux mirifiques de réussite aux examens nationaux, et la perpétuation des inégalités que personne n’arrive à corriger efficacement ensuite. Un mot doit être dit de la dynamique qui entretient ces deux tendances : l’écartèlement culturel grandissant entre les élèves des meilleures et des moins bonnes écoles. C’est sur ce terreau-là que prospèrent tous les communautarismes, sous l’effet d’une double logique de repli d’une part, et d’abandon pur et simple de l’Etat et des familles de leurs obligations respectives d’autre part.
Trop longtemps, les acteurs éducatifs se sont voilé la face. Chacun sait pourtant que, sans communauté de connaissance, aucune coexistence harmonieuse ni aucun progrès ne sont possibles. A la baisse du niveau des élèves, comme à l’aggravation des inégalités, la gauche n’a jamais eu qu’une seule et même explication : le manque de moyens consacrés à l’école publique ! Doublé du reproche de concéder quelques moyens à l’école privée sous contrat, moyens qui seraient injustement volés à l’Education nationale. Comme si l’école de la République n’était que l’école publique ! Mais aujourd’hui le vrai problème est ailleurs, comme le révèle l’expérience terrifiante du « séparatisme » dès l’école.
Notre laxisme collectif face aux violences commises dans notre école publique et le refus affiché de certains élèves de vivre conformément à nos conquêtes démocratiques constituent la matrice du marasme dans lequel se trouve notre école.
Nous ne pourrons pas faire l’économie d’un grand débat sur le numérique éducatif, ni sur les suites concrètes à donner aux élans de la jeunesse en faveur d’une écologie plus exigeante… Pas plus que nous ne pourrons faire l’impasse, demain, sur la définition des moyens de raccorder la recherche à l’application concrète des innovations pédagogiques les plus efficaces. Mais occulter la question de l’enseignement de notre histoire, de la définition de notre identité française, en un mot, faire silence et protéger ceux qui veulent faire sécession nous prépare résolument aux lendemains qui déchantent.
Axelle Girard